Les humains sont globalement plus heureux de 23 % aujourd’hui qu’en 2000. Mais la France n’est pas allée aussi vite, constate l’historien Pierre Le Roy. Le créateur de l’indice du bonheur mondial (IBM) explique pourquoi et comment.
Pourquoi êtes-vous lancé à la poursuite du bonheur du monde en le calculant par un indice statistique ?
C’est une longue histoire. Lorsque j’étais étudiant à Sciences Po, mes professeurs, dont un certain Raymond Barre, nous expliquaient que le Produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire la richesse supplémentaire créée dans le pays ou le monde, était nécessaire mais insuffisant. Robert Kennedy disait que le PIB mesurait tout sauf ce qui fait que la vie mérite d’être vécue. Ainsi, lorsqu’on rase une forêt, le PIB augmente. Est-ce une bonne chose ?… Peut-être, mais ce n’est pas sûr. Autre exemple, celui des accidents terribles sur la route qui sont excellents pour la hausse du PIB, car les garagistes travaillent, les hôpitaux aussi, mais c’est une externalité négative. En outre, le PIB ne mesure pas le bénévolat qui est une richesse sans contrepartie monétaire.
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